30/07/2011

Juste pour passer le temps

Le texte qui allait briser la glace, celle qui se formait lentement au fil des mois de silence, ce texte-là était crucial. J'avais annoncé le retour de mon blogue à un ami dès les premières minutes de 2011, entre deux "bonne année!" sous la pluie, bière à la main, et nous voilà maintenant plus près de 2012. J'ai emmagasiné un stock insupportable d'idées à mettre sur papier. Chaque fois, j'ai trouvé une raison pour ne pas me mettre à l'ouvrage sur le clavier. Et puis je me suis retrouvé pris dans le piège du temps qui passe et des attentes qui gonflent.

Mais j'allais y revenir à l'écriture, ce n'étais qu'une question de temps. C'est toujours elle qui a eu le dessus sur moi. Je pensais avoir signé pour un passe-temps, mais c'est devenu un besoin. Ma réalité est maintenant une grosse boule de matière dont j'extrais des phrases et des idées. Chaque instant est un texte en gestation. Avoir vu le dernier Scorsese ou avoir hâte de voir le dernier Scorsese me mènent l'écriture. Cette loupe qui s'est greffée à mes yeux de façon permanente, mon ami en a une aussi. Lui, sa maladie, c'est le hip-hop. Un clavier pour moi, un micro pour lui. Lui-aussi, son passe-temps prend beaucoup de place dans sa tête. Ses symptômes sont similaires.Toujours à la recherche de la bonne formulation, de meilleures lignes, d'un meilleur flow.

On pensait tous que Rodolphe ferait comme les autres, qu'il allait rapper pour déconner. Mais non, y'avait quelque chose de plus fort, d'indomptable. Assez pour qu'il s'enferme dans une pièce au début de l'été il y a deux ans, et qu'il fasse que ça, griffonner et rapper, sans arrêt. Ce qui avait été un bureau était maintenant son studio, et il reprenait son souffle sur la terrasse adjacente. Chaque jour, des gens différents venaient faire leur tour. Rodolphe, il était tout le temps là. C'est ce même appétit qu'on a pu voir sur scène lors du lancement de son démo vendredi dernier. Un gars qui bouffe son micro avec une assurance épatante, et beaucoup de talent. La même énergie qui l'anime depuis le début, il a su la garder devant ceux qui étaient venu l'entendre.

Plusieurs fois, je me suis retrouvé devant mon écran à refaire la syntaxe d'une phrase à des heures ridicules, alors que l'oisiveté aurait été une alternative beaucoup plus sensée. Lui il s'est payé le trip d'enregistrer des chansons dans un studio professionnel au grand dam de ses REER. En bout de ligne, ce n'est pas vraiment une question de choix. Comme moi, il a été aspiré.
Il suffit qu'on essaye, et parfois, quelque chose d'insoupçonné se déploie. Ça prend de l'ampleur, et très vite on ne peut plus s'en passer. C'est tant mieux comme ça.

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