11/10/2010

Les grandes purges

Il y a quelques mois, je vous suggérais de répétez dix fois "iPod" sans interruption pour retrouver le sourire, ou même le sens de la vie, s'il existe. À la lecture de mon courrier et des nombreux fax que j'ai reçus depuis, je constate que mon lectorat semble précoccupé par le caractère très éphémère du remède proposé. Hélas, il n'y a pas que Mathieu Ricard qui est résilient, nos soucis le sont tout autant. Volumineuse, variée, vicieuse, la souffrance, on s'en passerait aisément. Je l'attaquerai aujourd'hui avec une assurance et un panache qui je l'espère, inspireront.

Le dernier numéro de Philosphie magazine titre en page couverture "Qu'est-ce qu'une journée réussie"? Ce lundi-là, dans la salle de mon cours de littérature du vingtième siècle, la réussite c'était la rupture avec la quotidienneté des cours magistraux. Vous savez, ces journées qu'on compte sur le bout des doigts quand on notre 9 à 5 c'est les bancs d'école: regarder un film en math, faire du bricolage dans un cours d'anglais, le prof de géo qui n'a jamais été absent depuis son arrivée au collège en 1934 mais qui l'est aujourd'hui etc. Vous savez, ces oasis luxuriants qui nous permettent de traverser le désert d'une année au secondaire. Ce n'était pourtant pas une absence, ni un film , mais bien le cours lui-même. Une activité d'écriture automatique. Une preuve de plus qu'il n'y a pas que des gens qui s'ennuient dans le monde parfois impénétrable de l'Art. En fait, plus on s'y initie, plus on comprend que c'est le contraire. Rembrandt, lui par contre, devait s'ennuyer. Aurait fallu que Pollock vienne pitcher des tâches de rouge sur ses toiles sombres. Mais je me perds. Mais c'est pas grave, je sens mes doigts se laisser séduire par l'écriture automatique.

Mais "qu'est-ce que c'est l'écriture automatique", me demanderont ceux qui ne le savent pas? Vous pourrez vous rabattre sur la définition que donne Wikipédia, ou plus simplement la compréhension que j'en ai: une sorte de trip -s'approchant de la transe dans les cas les plus extrêmes- durant lequel l'artiste délie son cerveau pour que celui-ci s'empare de sa main, laquelle noircira le papier comme bon lui semble. L'artiste, s'il a suivi l'ultime règle de ne rien vouloir contrôler de ce qui émane de son esprit, accouchera d'une boullie incohérente mais loufoque. Suis-je clair? L'exercice est très jouissif, et si l'art c'est votre affaire, vous verrez qu'il n'y a pas assez de jours dans une année pour libérez l'écrivain-automatiste qui sommeillait patiemment en vous.

Maintenant pour la portion croissance personnelle. Surmenés, fatigués, découragés? Votre carte de la bibliothèque municipale remplie ne vous permet pas de louer le 5e et le 6e tome de Guérir? Le DVD du Secret est déjà loué au club vidéo du coin? L'écriture automatique est pour vous. Le papier blanc sera votre punching bag. À la place de timides lignes noires Times 12, vous verrez jaillir de votre Bic -faîtes-le sur papier- la violence qui séjournait en vous et dont vous ignoriez l'existence...inquiétante. Une fois que l'exercice est complété, buvez une camomille, tout ira bien.