13/04/2012

Attraction/Répulsion

Le coeur, la raison, depuis la nuit des temps ces éternels antagonistes sont condamnés à faire chambre commune. Les débats d'envergure comme celui qui s'est emparé de la Belle Province sollicitent à la fois nos neurone et font bouillir le sang dans nos artères. L'équilibre, indispensable, est constamment à refaire. Dès qu'on se fâche trop, on s'éloigne du dialogue avec l'autre qui ne comprend pas, qu'on aimerait donc qu'il comprenne qu'il n'a rien compris à l'affaire. Mais l'indignation, cette nouvelle star du dictionnaire, est essentielle. À vouloir temporiser, rationnaliser, décortiquer et soupeser, on peut manquer le train du changement et revenir à la case départ. Nous voici donc dans le merveilleux monde des oxymores: discussion....enflammée, révolution...tranquille. Reste que tous ne peuvent se permettre le luxe de la patience et de l'équilibre. Parlez-en à ceux qui n'ont que leur iPhone pour montrer l'horreur de leur quotidien à la planète.

Ça ne date pas d'hier, les foules sont électrisantes. Prenons quelqu'un de peu porté sur la chose, moi par exemple, dans un autobus à 16h, hier sur le boulevard Édouard-Montpetit. Sit-in au coin de Louis-Collin, porte-voix, autos de police et une foule bruyante, pas contente. Je débarque de l'autobus. Le rationnel cède tout à coup. C'est peut-être le bruit ou l'importance du groupe. Après un kilomètre de marche...sur le trottoir juste en retrait....j'arrive avec les autres sur Vincent-d'Indy. Il y a des enfants dans les fenêtres qui nous regardent passer, leurs cours sont interrompus par un événement impromptu. Ils crient so-so-so, ils ne savent pas ce que ça veut dire. Les gens crient dans la rue et les enfants répondent en souriant et en criant, plus nombreux. Un beau moment.

L'émotion cristallise les positions. Dans le pire des cas, elle est corrosive. Le contraste entre le lyrisme des étudiants et la colère de ceux qui dénoncent leur immaturité et leur irrespnsabilité est frappant. Chez les carrés verts, les arguments s'approchent de plus en plus de l'insulte. Il faut dire que dans le camps des rouges, tous ne sont pas blancs comme neige. Les sauterelles, c'était quoi l'idée? L'émotion se cache derrière les discours méprisants et l'intimidation. Ces blessures, la société québécoise devra les guérir dans les mois à venir. Souhaitons-nous un été chaud, rassembleur et bien arrosé. Un été...québécois, finalement.