27/08/2010

Moi, mes baskets

Ça fait longtemps que je m'empêche d'écrire ce billet qui risque d'être hargneux parce que je fais partie des gens qui seront ciblés ici. Me censurer pour une telle raison est toutefois un peu ridicule, vous en conviendrez. Parce que ce qui bout en moi est, je crois, d'une pertinence criante. Alors sans plus tarder...

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Je n'ai pas l'ambition d'ouvrir le débat abyssal de la survie de la langue française. Je me contenterai de l'effleurer. D'abord, une remarque pour introduire mon propos. J'écoutais l'autre jour un débat dont la question était la suivante: Parlerons-nous français en 2050? De tout ce qui s'est dit, j'ai retenu une chose en particulier. Penser que le français pourrait complètement disparaître dans un avenir plus ou moins lointain est une fiction. Notre culture et notre identité sont trop bien implantées pour qu'un coup de vent appelé mondialisation les raie de la carte définitivement. Et vlan Jacques Godbout! Le danger bien plus réel et alarmant est que l'anglais contamine notre langue dans certains secteurs en particulier: qu'elle redevienne la langue de l'argent par exemple.

J'ajouterais à cet exemple celui tout aussi pernicieux de l'anglais comme langue cool de l'intelligentsia et de plus en plus de journalistes. Cet anglais des expressions, auxquelles on ne se donne plus la peine, lâchement, de trouver de substituts francophones, ou encore québécois. Je dis "ou québécois" parce que c'est tout aussi vrai du vocabulaire qu'on emprunte au grand frère d'outre-mer. Ça me laisse à chaque fois un arrière-goût amer que de croiser ces emprunts qui nient notre identité de façon si enthousiaste. Ce qui est décourageant, c'est que je n'ai même pas besoin de faire d'efforts pour trouver des exemples. Une seule édition du Voir nous en donne deux:

"C'est ici que j'en viens à cet article de l'hebdomadaire américain The Nation, reparu dans Le Courrier international. Le titre a tout de suite piqué ma curiosité: "Le continent noir ne se porte pas si mal"

Shocking"

Shocking? En français, on a un mot de sens voisin, "renversant". J'essaie de trouver la valeur ajoutée de shocking, je n'y arrive pas. Quelqu'un peut m'expliquer? Un deuxième exemple:

"Je me souviens avoir peine à y croire quand, quelques minutes plus tard, Miron s'assoit dans ma vieille Corolla 86- je prie intérieurement pour qu'elle ne tousse pas trop en chemin. Mettez-vous dans les baskets du jeune étudiant en littérature..."

J'ai beau me forcer, je ne me rappelle pas avoir entendu personne utiliser le mot "basket" au Québec depuis les vingt-trois années que j'habite cette terre. Ni caisse ou bagnole au lieu de char, ni fringue au lieu de vêtement. Comment elle s'appelle déjà la chanson, "Moi, mes baskets"?

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Ceci n'est pas une attaque en règle contre la Clique. Le problème a gangrené beaucoup plus qu'une bande d'artiste à foulard, même ses détracteurs les plus mordants. Il est partout. À la télé, dans les journaux, dans la bouche des commentateurs les plus estimés, les plus lus. Et dans la mienne, trop souvent.

Tout ça me fait penser au ptit-cul qui cherche l'approbation et l'affection des autres à la petite école. À une différence près. On peut lui pardonner les béquilles qu'il se trouve pour pallier à son manque d'estime de soi, chose qu'on ne peut permettre au peuple se devant un minimum de dignité que nous sommes.

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On respire un peu en écoutant Sparklehorse ou Diggy.

Erratum: Les vrais de vrais cinéphiles auront remarqué la faute dans Main dans la main: Sam Mendes n'a pas réalisé Forrest Gump, c'est à Robert Zemeckis qu'on doit le chef-d'oeuvre. Erreur corrigée.

24/08/2010

Main dans la main

Les mots accessoire, accompagnement et détail ont des définitions qui contredisent ce qu'ils sont réellement. Que serait un carré d'agneau au romarin sans son gratin dauphinois, une chemise de designer sans ses boutons de manchettes? De même, la tête d'affiche ne peut exprimer tout son talent sans ceux qui l'entourent, du trompettiste aux choristes.

Poignante dans Babel, réjouissante dans Amélie Poulain, la musique des grands films joue souvent un rôle crucial, parfois même le premier. La négliger peut être fatal à une oeuvre, j'en suis convaincu. L'héritage des films qui nous marquent est double. Ils nous lèguent personnages et scènes d'anthologie, mais aussi leur musique, qu'on écoutera en boucle pour se replonger dans leur magie à chaque fois.

À mon avis, on peut départager deux grands types de trame sonore: la compilations de hits, manière Forrest Gump, et celui beaucoup plus répandu qui donne à un film son ambience, disons l'oeuvre entière de Woody Allen. Dans les deux cas, impossible d'imaginer ce que seraient ces long-métrages sans la musique qui les "accompagne." Comment, en effet, Robert Zemeckis aurait-il pu réalisé une fresque des années d'après-guerre aussi vibrante sans l'aide de Joan Baez, des Stones et d'Aretha Franklin? Comment Allen aurait-il pu apporter cette touche de légèreté si singulière et essentielle aux tourments de ses personnages sans le jazz de la Nouvelle-Orléans?

La musique et le cinéma sont si intimement liés qu'on peine parfois à les dissocier. Une chanson nous mettra instantanément une scène en tête, imaginée ou existant réellement, et des images dicteront une ambience sonore. Parlez-en à Miles Davis à qui on confia la tâche de composer la trame sonore d'Ascenceur pour l'échaffaud. L'histoire allait contribuer à la légende du personnage: le trompettiste visionna le film une première fois, puis enregistra la musique d'un coup pendant qu'il le regardait la deuxième fois. Bon, faut dire qu'il était pas pire avec sa trompette et qu'on le disait doué pour l'improvisation.

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Le programme de science politique de l'Université de Montréal comporte nombre de cours aux effets soporifiques, mais Politique comparée trône seul au sommet de l'ennui qui achève immanquablement l'étudiant dès les premières minutes. Pourtant, l'objectif du cours est très pertinent: comparer des sytèmes politiques pour faire ressortir leurs différences, et ultimement leurs forces et leurs faiblesses. Un exercice qu'on peut utiliser pour parler de musiques de films, ici celles de The Shining et de Les Sept jours du Tallion. Comparaison extrêment intéressante pour deux raisons. Primo, parce que je m'évertue à vous expliquer le rôle essentiel que joue la musique dans le cinéma. Secundo parce le premier film est parfaitement inconcevable sans sa musique obsédante alors que le deuxième n'en a pas-genre, pas une minute avec de la musique. Et que ce sont à mon avis deux films également insoutenables.

Le crescendo de folie qui s'empare de Jack Nicholson dans le film de Kubrick ne serait pas aussi intense ni même crédible sans les bruits de violons stridents et autres curiosités sonores. Pareillement, l'action de certaines scènes est insignifiante mais la musique, omniprésente, les rend effrayantes. Juste l'ouverture du film pendant laquelle on voit une voiture s'aventurer dans les montagnes enneigées fait peur. Podz, lui, a adopté l'approche inverse: le silence lourd cède toute la place aux images insupportables. À bien y penser, son choix ne contredit pas ce que j'avance plus haut. L'absence totale de musique est une trame sonore en soi. Parce que le spectateur est dérouté, qu'il ne peut se dérober aux images qu'on l'oblige à voir. Le silence le plus opressant qui soit.

14/08/2010

Quatre fois plutôt qu'une

J'attendais ma facture de poulet au gingembre, j'élaborais le crime dans ma tête. Le restaurant était presque vide. Les propriétaires tombaient lentement dans un sommeil profond, au loin, sur une table bancale. Quand la tête de l'un tombait d'un côté, celle de l'autre se ranimait, et ainsi de suite. Il y avait là une valse ininterrompue, cadencée, qui aurait pu inspirer une scène mettant en vedette Louis de Funès. Mais mes neurones s'affairaient à une tâche plus éprouvante que de se régaler du spectacle loufoque. Car crime, il y aurait, incessament. J'allais m'emparer du plus grand nombre de fortune cookies possible avant que le serveur ne m'amène l'addition.

Quoi de plus grisant que d'avoir des prédictions, un destin qu'on nous explique en détail. Les fortune cookies me laissent toujours sur ma faim. "Tu vas vivre un moment de joie." Quel genre de moment? Gagner la loto ou tomber sur un cinq piasse dans la rue? Hériter de la Mustang 64 bleu azur d'un lointain cousin dont j'ignorais l'existence où voir un documentaire très intéressant sur les Mustang 64. Mangeur de biscuit cherche prédictions précises.

J'ai réussi à m'emparer de quatre biscuits, juste avant que Chan le serveur ne revienne en coup de vent par derrière. À mon grand étonnement, c'est un signe, leur contenu est assez cohérent. Voici ce qui était marqué sur les bouts de papier:

"Exposez votre nature créative"
"Personne ne le fait mieux que vous"
"Vos talents seront reconnus et récompensés"
"Vous avez un esprit actif et une imagination débordante"

Ce qui est formidable, c'est que j'ai vraiment eu quatre fois l'effet d'un seul message. Maintenant la question que je me pose: y'a-t-il un nombre plafond de messages de fortune cookies qui ont cet effet sur nous. En d'autres mots, est-ce que l'excitation s'émiette à mesure qu'on brise les biscuits. Parce que sinon j'envisage de me brancher la tête à un soluté de petits bouts de papiers de sagesse.

09/08/2010

Les outsiders

Je n'ai jamais rencontré un seul supporter de Berlusconi. La grossièreté scandaleuse du personnage est tellement admise et consensuelle que je n'hésite plus à poser de questions concernant les allégeances politiques des Italiens à qui je parle.

Pourtant, un mystère demeure: pour gouverner, il faut des votes, et donc des partisans-on m'a toujours dit que j'étais très cartésien. J'ai demandé récemment à mon ami de Rome qui votait pour Il Cavaliere, mais surtour pour quelles raisons ils le faisaient. La réponse fut déconcertante, décourageante. Selon lui, la politique emmerde les électeurs de Milan à Palerme. Les gens préfèrent voter pour un personnage flamboyant, pour un dirigeant qui à défaut d'avoir des idées et un minimum d'intégrité va donner un bon spectacle. Décourageant je vous disais. Je m'en suis tenu à cette explication qui me paraissait extrêmement convaincante; franchement, je ne peux imaginer un autre candidat qui égalerait le bouffon milliardaire. En termes de spectacle, c'est un broadway cinq étoiles, ou une tragédie grecque, à vous de choisir.

Imaginons un scénario complètement rocambolesque. Disons un ancien champion de culturisme autrichien. Il débute sa carrière dans des films de série B mettant en vedette des mitraillettes automatiques, des pitounes et lui qui jette des couteaux et des regards intimidants à ses ennemis. Sa carrière se résume à des rôles si stupides mais parfaitement joués qu'on se questionne sur le quotient de l'acteur lui-même. C'est le même homme qui quelques années après avoir inscris son nom sur le Walk of Fame finit par gouverner l'État le plus populeux des États-Unis. Essayez d'imaginer l'irréalité de cette histoire. Moi non plus je ne peux la concevoir.

Si Arnold s'est faufilé contre toutes attentes jusqu'au siège de gouverneur de Californie, c'est que les électeurs s'emmerdaient autant que leurs semblables italiens. Dans l'isoloir, ils ont sûrement dû se dire à quel point ça serait cool que Terminator soit à la tête de leur État. Parce que les autres inconnus, sont plates, on s'en fiche. Si la gauche comme la droite répètent le même discours, si la politique ne règle plus les problèmes, pourquoi ne pourrait-elle pas être divertissante après tout?

Pareil pour Laraque. Sa nomination est un autre signe de cette tendance de la politique-spectacle. De l'érosion du débat d'idées. Certains me diront que sa notoriété fera avancer les Verts. Moi je pense que les indécis qui entendront parler l'ancien goon des Canadien sauront pour qui ne pas voter. À Christiane Charette cet hiver, le numéro 17 faisait la promotion d'un documentaire sur le mauvais traitement qu'on inflige aux animaux. Je n'était pas vivant du temps de Brigitte Bardot mais je crois que les rhétoriques étaient du même niveau. C'était lamentable.

Le cas de Laraque est pareil à une différence près. Ce qui ne fera pas progresser les siens, c'est qu'il n'a tout simplement pas la prestance du politicien. La prestance, l'image, c'est ce qui a permis aux deux autres de se faire élire. C'est malheureux pour lui, mais on ne peut s'enlever de la tête l'image de la sympathique brute qui cogne avec un plaisir réjouissant sur ses rivaux.

Maintenant Wyclef. Sans le chemin tracé par ses prédécesseurs, on aurait trouvé saugrenu qu'un rappeur multimillionnaire se propose pour sauver son pays de l'enfer. Pourtant, son élection n'a rien d'impossible. Même que plusieurs observateurs lui donnent de bonnes chances de gagner. Comprenez-moi bien, je ne mets pas les scènes politiques d'Haïti, d'Italie, du Canada et de la Californie dans le même panier. Seulement, il est évident que les moeurs politiques ont changé. Un peu comme les humoristes qui s'inventent des qualifications, des outsiders prennent la place des politiciens pour le meilleur, mais surtout pour le pire.

04/08/2010

Charles-Albert likes La langue française

"(...) je m'inquiète beaucoup pour les "jeunes de ma génération." Comme jamais, en fait. Aussi pessimiste que ça puisse paraître, je me demande quel héritage nous laisserons à nos descendants. Que retiendront-ils de notre engagement? Quelques CD des Cowboys Fringants et une dizaine de groupes Facebook contre la faim dans le monde? Un vieux T-shirt du Che de chez American Apparel et des tweets en anglais sur la langue française? Des bacs à recyclage remplis de boîtes d'emballage de iPad?

Et qu'écrira-t-on à notre sujet dans les manuels d'histoire? Qu'on a fait la révolution du web 2.0? Qu'on est sortis dehors en 2004 pendant la grève étudiante, mais qu'on est rentrés au plus crisse parce qu'on avait peur de compromettre notre session? Qu'on a eu beaucoup de courage durant la crise du verglas?

(...)

Peut-être que ce sont les jeunes qui n'ont plus d'illusions."

Ouais. Moi aussi je me les pose ces questions. Je n'ai pas la fibre du militant, je le sais. Plus du type à me poser des questions jusqu'à la dernière minute face au téléviseur diffusant les images de la manifestation. Comme ça s'est réellement passé en 2004. Je me demande si j'aurais eu la même distance face aux événements si j'avais vécu l'effervescence de la fin des années 60.

Dans No Logo, Naomi Klein parle des corporations qui sont venues à bout de leur ultimes ennemis, leurs détracteurs, en leur donnant l'illusion de mener une lutte qui n'en a gardé que le nom et les apparences. Le spécimen-type c'est justement celui qui porte un chandail de guérillero fait en Chine qui tweet son mécontentement sur son iPad. Une contradiction criante, décourageante. Un nouvel avatar de la gauche-caviar? Oui.

Les manifestants, les vrais, ceux qui vont au bout de leurs principes, sont en voie d'extinction. C'est indubitable. Et ceux qui restent, plus souvent qu'autrement, les "jeunes de ma génération" les méprisent. Faut croire que gueuler c'est passé de mode.

L'extrait est tiré du dernier Urbania-spécial âge d'or. À se procurer absolument.

Le 100e!

L'insomnie était une fois de plus de la partie cette nuit. Un peu comme les stades du deuil, j'ai traversé toute sorte de phases au cours des derniers mois dont l'incompréhension, la frustration, une rage parfois épeurante et enfin la résignation. J'ai maintenant sorti le drapeau blanc, terminé le combat acharné pour tomber dans les bras de Morphée. Plutôt, j'ai l'audace de transformer ma défaite en sérénité. Je me lève, tout de même après quelques espoirs déçus, et j'ose narguer l'aube. Je profite de ces heures grises au cours desquelles surgissent tranquillement les premiers rayons, sorte d'entracte avant que le tumulte n'envahisse les rues. L'autre jour c'était une balade sur les rives du fleuve, ce matin les Nocturnes de Chopin sur ma table de cuisine en écrivant mon centième billet. Sublime ironie, tout de même, que ce choix de musique.

Il est 5h22. Deux heures plus tôt, j'avais encore confiance en mes moyens de m'endormir. Quoi faire pour remédier à mon désarroi? L'insomnie est une formidable épreuve pour notre créativité. J'ai déjà relu Le procès de Kafka il ya peu de temps. Écouter RDI express en direct à 3h22 me semblait donc tout indiqué. Surtout qu'il y avait un spécial "explication du colmatage de la brèche-dont-on-ne-finit-plus-d'entendre-parler." Je voyais ces images sous-marines obscures, ces diagrammes bourrés de flèches rouges qui tournent dans tous les sens et écoutais parler l'ingénieur qui veut nous faire croire qu'on peut y comprendre quelque chose. J'étais doublement frustré; l'exposé était incroyablement ennuyant mais pas suffisament pour régler mon problème. J'ai éteint la télé et j'ai réfléchis. Sûrement trop pour m'endormir, mais assez pour écrire ces lignes.

Je me disais à quel point nous sommes bombardés d'information concernant tous les sujets. Des papiers commerciaux à la guerre au Sri Lanka en passant par les PPP dans le milieu de la santé. Tous des sujets extrêment complexes auxquels même les plus éminents experts ne comprennent pas toujours tout -dans le cas de la crise financière, on cherche encore la personne qui comprend. Et en tant que citoyen responsable, nous sommes censés avoir une opinion éclairée sur chacune de ces questions. Je pensais à tout ça et je me disais que le monde était sûrement devenu plus compliqué avec le temps. Et puis je me suis dit que le monde est probablement compliqué depuis la nuit des temps. Autrefois, les gens devaient ignorer la majeure partie de ce qui se passait au-delà de leur lopin de terre. Parfois le fonctionnaire passait prélever l'impôt et pour le reste il ne s'agissait que de subsister. Minime, le contact avec l'extérieur. Pareillement, les sujets de la reine Victoria ne devaient pas passer des heures à débattre de la politique dans les Indes orientales attablés autour de leur pinte. Ils n'en savaient pas grand chose et ne s'en souciaient probablement pas plus.

On parle abondamment de la surabondance et de la rapidité de l'information mais on soulève rarement la question de sa complexité. Un citoyen éclairé et averti, c'est ce qui constitue les racines de la démocratie. Je m'inquiète beaucoup de cette complexité qui pousse les gens à s'en foutre et qui par le fait même donne un coup de pouce aux politiciens qui se contentent de slogans plutôt que de réelles idées. Peut-être devrait-on déterrer René Lévesque et le remettre en onde avec sa craie et son tableau noir.