28/07/2010

De la musique à mes oreilles

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique:

"Le développement graduel de l'égalité des conditions est donc un fait providentiel, il en a les principaux caractères: il est universel, il est durable, il échappe chaque jour à la puissance humaine; tous les événements, comme tous les hommes servent à son développement (c'est moi qui souligne).

Serait-il sage de croire qu'un mouvement social qui vient de si loin pourra être suspendu par les efforts d'une génération? Pense-t-on qu'après avoir détruit la féodalité et vaincu les rois, la démocratie reculera devant les bourgeois et les riches?"

Je prends toujours un grande bouffée de sérénité suite à la lecture de ce passage cité dans La tragédie soviétique de Martin Malia.

N'est-ce pas réconfortant de penser que malgré tous les obstacles que nous rencontrons et ceux qui nous attendent, notre marche nous mènera inéluctablement vers un monde plus juste? Après tout, les forces réactionnaires avec lesquelles les Français du siècle de Tocqueville étaient aux prises ne sont pas un peu de la même famille que la caste de milliardaires qui dicte les règles du jeu présentement?

21/07/2010

Sur la chaise longue


L'écriture est impitoyable. Quatre mois que j'écris, quatre mois de satisfaction, de fierté, de besoin d'écrire. C'est ça le problème. Une fois qu'on a commencé, on n'arrête plus. À moins que je trouve une nouvelle activité qui me nourisse autant. Des idées?

Chaque jour, j'ai l'impression de tenir quelque chose, et puis l'idée s'évapore. Pas envie, pas si intéressant finalement.
Plus j'écris, plus je me rends compte de l'immensité de la tâche que représente l'écriture d'un roman, voire même d'un article de plus d'une page dans le journal.

Maintenant que je vous ai fait part de mes tourments de futur-Pulitzer, je me remets en marche, et vous promets plus d'inspiration, de verve et de génie que jamais vous n'auriez pu l'imaginer. Tenez-vous bien. Et pour les images, c'est une métaphore. Très recherchée, je sais. Que voulez-vous, j'ai un don pour l'art et les affaires compliquées à comprendre.

09/07/2010

Se renseigner à la source

Hier, mon premier taxi haïtien depuis cinq mois. Sachant où je m'en allais, j'avais préparé le terrain avec des question innocentes. Puis celle qui devait briser la glace:

-Et vous monsieur, vous avez de la famille là-bas?

-Oui oui, j'ai ma mère (il devait avoir trente-cinq ans!) qui est venu vivre ici il y a quinze mais qui est repartie il y a cinq ans parce qu'elle tenait à rester là-bas.

-Et vous avez des nouvelles, comment vont les choses là-bas?

-Eh bien les gens vivent dans les tentes toute la journée, ils sont dans l'eau toute la nuit et le jour le soleil les sèche.

-Donc la situation elle a vraiment pas changé?

-Non, non, pas vraiment? Vous savez, ils dépensent des millions et des millions et rien ne bouge...

-C'est fou quand même, tout cet argent, on dirait qu'il ne fait que...

-Pas besoin de finir votre phrase monsieur, je sais je sais.

J'allais parler de l'inefficacité des ONG et de l'argent gaspillé à cause de la lourdeur de leurs structures. Lui semblait parler de corruption. Les deux sont sûrement vrais. Ça a pas bougé donc. Personne n'est surpris, les cyniques pourront encore dire qu'ils ont gagné.

Rappelez-vous, le trembement de terrre c'était en janvier, il faisait -20 dehors. Le thermomètre est un bonne indicateur de tout le temps qui a passé.

07/07/2010

Devenir le Parisien

L'émerveillement n'est jamais bien loin en voyage. On s'extasie devant une façade néo-gothique, on plisse les yeux de bonheur en goûtant une gelato au melon, notre mâchoire se disloque à la vue d'un oiseau rare. Les journées sont gorgées de moments intenses, tout va à la vitesse grand V. C'est exaltant, nourrisssant, palpitant. Pendant ces deux ou trois semaines, cet état remplace l'indifférence qui marque nos "vraies" vies. Parce qu'il faut le reconnaître, on vie des joies et des peines, mais entre les deux, une bonne partie de notre existence se fait sur le pilote automatique.

Ce qui change au fond, c'est plus nous que le décor. Bien sûr que la Sagrada Familia est plus émouvante que le Dix-trente. Le pesto de Gênes est à des années-lumière de celui acheté au IGA. Le premier se mange compulsivement à la cuillère, le deuxième moisit dans mon frigo depuis des mois. L'exotisme et la beauté sont des variables incontournables dans l'équation. Néanmoins, les plaisirs du voyage nous seraient hors de portée sans notre prédisposition à nous émerveiller. Le touriste, en effet, est une éponge. Il scrute son environnement à la recherche de ce qui le fera tressailler. Chaque endroit balayé par son regard curieux détient le potentiel de l'envoûter. Un vrai détective, prêt à tout pour résoudre l'énigme d'une cutlture étrangère.

Transportons nous à Paris l'instant d'un exemple. Curieux quand même que l'homme à la bouteille d'eau et à la caméra soit en transe face à la tour Eiffel alors que le Parisien puisse passer à côté en l'ignorant. Vous me direz que le Parisien la voit à tous les jours. N'en reste pas moins que la tour Eiffel, c'est comment dire, assez...beau. La question qui me semble beaucoup plus pertinente, c'est comment peut-on arriver à s'habituer à autant de beauté. Le Parisien ne pourraît-il pas à la manière du touriste se réjouir matin après matin de côtoyer un tel chef-d'oeuvre. Cette réjouissance a-t-elle une date de péremption?

Cette idée, c'est Alain de Botton qui la développe dans un livre fo-rmi-dable. J'ai parfois tendance à m'emporter, mais ce livre, c'est juré, a changé ma vie l'été dernier. C'est son but avoué d'ailleurs.

J'en parle parce que mon séjour à l'étranger était l'opportunité idéale pour mettre en pratique la philosophie de de Botton. En effet, je débarquais dans une nouvelle ville avec laquelle j'aurais d'abord un rapport de touriste et que j'apprivoiserais ensuite. Je serais l'homme au chapeau puis éventuellement le Parisien. En fait non, l'expérience consistait à savoir si je pourrais éviter le piège de devenir le Parisien. Faire en sorte que le buzz des premières semaines ne s'interrompe jamais. Et puis le mettre dans mes valises et l'apporter jusqu'ici. J'ai relevé le défi à l'étranger, c'était somme toute assez facile. Reste à savoir ce que me réservent les prochains mois.

Faire de notre vie un voyage, c'est ce que de Botton propose pour être heureux. Le monde, les choses, les gens, la réalité bref, c'est la matière première. À nous d'en faire quelque chose qui en vaut la peine.

(...)

Si ça vous intéresse, j'écris depuis presque deux mois au son des mêmes mélodies. Ça s'appelle Woody Allen Movie Music. C'est la musique des films de...vous aviez compris. Si le jazz peut parfois être l'équivalent de lire du Hegel en allemand pour les oreilles, celui de la Nouvelle-Orléans chéri par le réalisateur aux mille angoisses est très apaisant. C'est comme si les années trente sortaient des haut-parleurs de mon ordinateur. Idéal avec une Corona et une canicule.

06/07/2010

Up in the air

Comme George Clooney, j'aime prendre l'avion. Pas que je m'y sens comme à la maison, mais un vol est pour moi synonyme d'aventure et de plaisirs attendus. Des petites collations au inflight magazine en passant par les charmantes hôtesses, vous verrez mon sourire d'enfant à Disney World si vous me croisez entre Charles-de-Gaulle et Heathrow c'est certain. Oui, je suis international gros de même.

Une étape que je comprends moins, c'est celle des informations super techniques presque murmurées par le capitaine environ une demie-heure après le décollage. La voix grave et quelque peu nonchalante semble être un incontournable. Est-ce un prérequis pour devenir pilote?

"Mesdames, messieurs nous sommes ravis -à t'entendre parler j'en doute- que vous soyez des nôtres sur ce vol à destination de Montréal-PET. (intonation en decrescendo après chaque virgule) La température extérieure est présentement de -62 degrés celsius, nous volons à une altitude de 34 376 pieds et la pression atmosphérique est de 65,3 kilopascals. Les cumulo-stratus que vous apercevez à votre gauche nous retarderons d'une vingtaine de minutes, nous arriverons donc à 16h24 minutes précises."

Ce qui m'amuse encore plus que le speech, ce sont les passagers qui hochent de la tête avec un air tout aussi sérieux en se disant "ouais ouais, ça' ben d'l'allure tout ça...Correct capitaine, t'as notre confiance, on approuve le plan de match."

Je comprends pas.

02/07/2010

Désarroi

Dites-moi, où sont passés l'espoir et la confiance en l'avenir que l'élection d'Obama avait apporté aux États-Unis?

La guerre en Afghanistan est devenu ce printemps la campagne militaire la plus longue de l'histoire du pays, et on est plus que jamais dans le pétrin. Le mois de juin a été de loin le plus meurtrier pour les soldats de l'Otan faisant 90 morts en date du 28.

Les Républicains du Texas ont proposé dans leur plus récente plateforme la criminalisation de l'homosexualité. Il ne s'agit pas d'un groupuscule d'extrême droite, c'est un parti qu'appuient des dizaines de millions d'Américains et qui constitue la seule opposition crédible à Obama. Vaut mieux en rire qu'en pleurer, comme l'a si bien fait Stephen Colbert:

"(...) If we make sodomy illegal, I'm sure they'll stop doing it. And if they don't, we'll send them to jail, where there is no sodomy."

Et finalement, Steve Carell a annoncé son départ de l'émission The Office après la prochaine saison qui débutera l'automne prochain. Je ne pourrai même plus me divertir convenablement pour oublier mes soucis. Maudite m***e...

Peut-être que le remède à mon désarroi se trouve à l'opposé du globe, en Russie plus précisément. En effet, comment ne pas voir les rayons lumineux de l'espoir dans l'exploit de ce mathématicien ermite vivant dans un appartement infesté par les coquerelles? C'est fait, il a résolu ce qu'on pense être un des problèmes de math les plus difficiles de l'histoire, la Conjecture de Poincaré. Même si je n'ai pas vraiment compris ce que c'était, la vidéo au bas de l'article en vaut la peine.