03/05/2012

La réchauffement climatique

Il était imposant le silence des tentes et des gens qui y dormaient dans le froid de novembre cet automne. En rentrant du travail, on ne pouvait s'empêcher de les regarder, une journée après l'autre, toujours là. Qu'était-il arrivé pour que tout à coup, tous ces gens décident de ne pas bouger, de se rassembler, de discuter et de se faire à manger? De faire la vaisselle dans des bacs? C'était troublant. C'était dérangeant, fascinant, déstabilisant, génial, amusant même, mais troublant avant tout. Tout ce qui tournait avec autant de fluidité était désormais remis en question de manière inattendue. Des gens avaient décidé de crier leur mécontentement avec un calme puissant. Les Grecs et les Espagnols s'étaient bien fâchés des mois avant, mais l'ampleur de leur mouvement avait été balayé par la distance qui nous séparait d'eux. Les Indignés ne faisaient que remplacer les Palestiniens et les Israéliens à la 12e minute du Téléjournal, et puis on fermait les lumières en route vers le 9 à 5 du lendemain.

Mais là, ça avait changé, ça se passait devant nous.

Je me rappelle avoir vu en entrevue une certaine Martine Desjardins qui répondait aux questions du Franc-tireur tant détesté par les étudiants. Sous la pluie de novembre devant l'UQAM, elle parlait de la possibilité d'une grève. Ce n'était encore que ça, une possibilité. Il n'y avait pas eu les votes, Gabriel Nadeau-Dubois, le 22 mars, le 22 avril et la guerre de tranchée actuelle. Les choses basculent si vite.

L'hiver n'est plus féroce. Il ne l'a pas été depuis des années. On ne peut plus compter sur l'amnésie et les traumatismes qu'il fait subir au Québec. Autrefois, à l'époque que je n'ai jamais vue, le froid précipitait la fin d'un acte et on passait au suivant. La longue épreuve de la neige calmait les esprits qui surchauffaient. En 2011-2012, la générale de l'automne aura mené à la symphonie du printemps. Encore plus, les records de chaleur auront été les catalyseurs de l'euphorie collective initiale.

La continuité entre ces deux mouvements est indéniable. La colère a gonflé, d'abord tranquille et muette, pour ensuite mieux exploser dans les rues et les écoles du Québec. Combien de temps encore? Aurons-nous droit aux quatre saisons? Et puis si quelqu'un a une idée de l'endroit où je peux ploguer Vivaldi, manifestez-vous parce que ça me travaille depuis quelques lignes maintenant.

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