19/12/2014

Un 19 décembre à Côte-des-Neiges


À Côte-des-Neiges, le 19 décembre à l'heure du midi, le quartier déborde d'étudiants qui viennent de terminer l'école. Se dégage d'eux une énergie chaude et enrobante qui gagne le combat contre le froid qui perce les manteaux Canada Goose trop courts des étudiants français. On les trouve au Kabab par exemple, à se bourrer de poulet shish taouk à la sauce à l'ail.

Les étudiants, qu'ils soient de Brébeuf, de Notre-Dame ou de l'UdeM, ont des sourires légers, contents du poids qui vient s'enlever de leurs épaules. La liberté totale des vacances d'hiver. Ils se le font dire souvent mais n'ont pas encore compris que ce type de liberté ne se vit qu'à leur âge. 

On croise 5 gars et une fille de Notre-Dame assis à une table de picnic en plein milieu d'une plaine de neige irradiée par la lumière blanche. Ils sont là seuls dans le froid, avec les yeux rapetissés par le joint qu'il fument pour célébrer le début des vacances. La drogue qu'ils fument, que tout le Québec fume, incommensurablement plus puissante qu'avant, fait des ravages autant qu'elle fait vivre des moments de vie sublimes à ses consommateurs
Ces 6 là sont très, très biens. Ils ont un petit rire et un capuchon sur la tête. 

Plus loin, on croise une dame de 50 ans, une Veuve Clicquot à la main, l'orange de la bouteille qui scintille grâce au soleil éclatant. Pressée, comme tout le monde, sauf les jeunes qui ont fini l'école. 

L'Oratoire ne bouge pas d'un centimètre. Il est souverain. Quelques centimètres de neige s'accrochent audacieusement à son immense dôme vert. L'oratoire veille sur le quartier qui tombera bientôt dans la noirceur impitoyable de décembre. 

Plus tard, on verra au coin des rues Gatineau et Lacombe les étudiants du HEC, de la Poly ou des sciences humaines faire des allers retours entre le Tabasco bar et La Maisonnée. Ils auront froid parce que, trop saouls, ils ne fermeront pas leurs manteaux pour fumer leur cigarettes. Ils boiront des quantités impossibles d'alcool. 

La faune nocturne disparaîtra au milieu de la nuit glaciale. Certains seront seuls dans leur lit, d'autres rentreront avec leur conquête de la soirée.

Puis, le lendemain, les adultes reviendront faire leurs courses, poursuivre leur vie sur  la rue Côte-des-Neiges. Tandis que les jeunes auront mal à la tête, les vieux perdront la leur en essayant de terminer leurs achats de Noël. 

Les vrais vieux, eux, continueront à vivre leur vie plus lente, plus saine, avec leur cane ou un panier pour porter les courses, en jetant un coup d'œil de temps à autre sur l'oratoire St-Joseph qui veille sur eux, qui veille sur leur quartier.

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