20/09/2010

L'audacité de s'affirmer

En 1967, en 1976, il s'agissait de mettre un m majuscule à Montréal. Ne plus être ce petit point anonyme au nord de New-York sur la carte, tel était l'objectif. Plus qu'une question de gros sous ou que la seule entreprise d'un mégalomane, il s'agissait du nouvel acte de ce désir d'émancipation qui s'était emparé de tout un peuple depuis quelques années. Le stade a poussé, une île a émergé, on a fêté, appris, applaudi. C'était le début d'un temps nouveau.

Jouer dans la cour des grands voulait aussi dire pour Montréal de se mettre au diapason des métropoles nord-américaines qui vouaient un culte à l'automobile. En concevant les villes comme leurs subordonnées, il était logique de défigurer des quartiers entiers avec des boulevards dont la ligne d'horizon qui s'étendait à l'infini rappelait le Sahara. À chaque époque sa définition du progrès. L'écosystème du Montréalais est aujourd'hui ce qui se faisait de mieux...il y a un demi-siècle.

Montréal a besoin d'idées fraîches comme la chanson de Renée Claude est mûre pour être remixée. Outre le fait de répondre à des impératifs écologiques, la revitalisation de notre ville est une manière de se rappeler que l'utile peut rimer avec le beau et que le commode n'empêche pas l'inspiré. Il s'agît d'avoir de l'audace et d'y croire, pas d'une conviction d'utopiste. Une échelle plus humaine, des transports intelligents et une revalorisation du design ne sont pas que des tendances d'urbanistes écolos. C'est ce qui a fait la réussite des villes que l'on veut visiter, et sait-on, peut-être, où l'on ira s'établir. C'est ce qui fait qu'on est bien là où on habite. J'aurais aimé qu'on fasse confiance aux idées rafraîchissantes qu'avait Projet Montréal.

Ce qui était vrai durant la Révolution tranquille l'est tout autant aujourd'hui. Encore une fois, il est bel et bien question de se lever pour affirmer notre identité. Seulement qu'en 2010, le Bixi a remplacé la Chrysler, les espaces piétonniers, l'échangeur Turcot. Sommes-nous trop paresseux, comme l'a dit Marie-Claude Lortie, pour redonner à Montréal une âme, la sienne? Ne sommes-nous pas des créateurs, des hédonistes, des rêveurs? J'ai parfois l'impression qu'on se vautre dans l'évocation très confortable de la réussite de Céline et du Cirque du Soleil pour mieux se contenter de demeurer immobile ailleurs.

5 commentaires:

  1. Bonjour Charles-Albert

    Bravo pour ce magnifique texte, tout simple mais bien senti! On aimerait avoir ton avis sur quelque chose, pourrais-tu me contacter à caroline.lavergne@projetmontreal.org, ou au 514 390-0792?

    Au plaisir d'avoir de tes nouvelles,
    Caroline Lavergne
    Communications, Projet Montréal

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  2. Charles! Wow! Je viens de voir que ton texte n'a pas passé inaperçu. J'allais en fait te dire: «Publie-moi ça, pis ça presse!!!» C'est pas pour rien que les journaux ont une section forum!
    : )

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  3. Salut Charles! Alors... c'est publié?

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  4. haha, pas encore, ça s'en vient...

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