04/08/2010

Le 100e!

L'insomnie était une fois de plus de la partie cette nuit. Un peu comme les stades du deuil, j'ai traversé toute sorte de phases au cours des derniers mois dont l'incompréhension, la frustration, une rage parfois épeurante et enfin la résignation. J'ai maintenant sorti le drapeau blanc, terminé le combat acharné pour tomber dans les bras de Morphée. Plutôt, j'ai l'audace de transformer ma défaite en sérénité. Je me lève, tout de même après quelques espoirs déçus, et j'ose narguer l'aube. Je profite de ces heures grises au cours desquelles surgissent tranquillement les premiers rayons, sorte d'entracte avant que le tumulte n'envahisse les rues. L'autre jour c'était une balade sur les rives du fleuve, ce matin les Nocturnes de Chopin sur ma table de cuisine en écrivant mon centième billet. Sublime ironie, tout de même, que ce choix de musique.

Il est 5h22. Deux heures plus tôt, j'avais encore confiance en mes moyens de m'endormir. Quoi faire pour remédier à mon désarroi? L'insomnie est une formidable épreuve pour notre créativité. J'ai déjà relu Le procès de Kafka il ya peu de temps. Écouter RDI express en direct à 3h22 me semblait donc tout indiqué. Surtout qu'il y avait un spécial "explication du colmatage de la brèche-dont-on-ne-finit-plus-d'entendre-parler." Je voyais ces images sous-marines obscures, ces diagrammes bourrés de flèches rouges qui tournent dans tous les sens et écoutais parler l'ingénieur qui veut nous faire croire qu'on peut y comprendre quelque chose. J'étais doublement frustré; l'exposé était incroyablement ennuyant mais pas suffisament pour régler mon problème. J'ai éteint la télé et j'ai réfléchis. Sûrement trop pour m'endormir, mais assez pour écrire ces lignes.

Je me disais à quel point nous sommes bombardés d'information concernant tous les sujets. Des papiers commerciaux à la guerre au Sri Lanka en passant par les PPP dans le milieu de la santé. Tous des sujets extrêment complexes auxquels même les plus éminents experts ne comprennent pas toujours tout -dans le cas de la crise financière, on cherche encore la personne qui comprend. Et en tant que citoyen responsable, nous sommes censés avoir une opinion éclairée sur chacune de ces questions. Je pensais à tout ça et je me disais que le monde était sûrement devenu plus compliqué avec le temps. Et puis je me suis dit que le monde est probablement compliqué depuis la nuit des temps. Autrefois, les gens devaient ignorer la majeure partie de ce qui se passait au-delà de leur lopin de terre. Parfois le fonctionnaire passait prélever l'impôt et pour le reste il ne s'agissait que de subsister. Minime, le contact avec l'extérieur. Pareillement, les sujets de la reine Victoria ne devaient pas passer des heures à débattre de la politique dans les Indes orientales attablés autour de leur pinte. Ils n'en savaient pas grand chose et ne s'en souciaient probablement pas plus.

On parle abondamment de la surabondance et de la rapidité de l'information mais on soulève rarement la question de sa complexité. Un citoyen éclairé et averti, c'est ce qui constitue les racines de la démocratie. Je m'inquiète beaucoup de cette complexité qui pousse les gens à s'en foutre et qui par le fait même donne un coup de pouce aux politiciens qui se contentent de slogans plutôt que de réelles idées. Peut-être devrait-on déterrer René Lévesque et le remettre en onde avec sa craie et son tableau noir.

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