31/05/2010

Anti-casting

L'audace est et a toujours été une denrée rare. Elle est la marque des gens d'exceptions, des créateurs et de leurs oeuvres phares. Elle bouscule les sociétés et par le fait même les garde en vie. Selon un politicien dont l'étoile a déjà été plus scintillante, elle génère de l'espoir. Point de progrès, donc, sans audace.
Il y a quelques semaines, je méditais sur ce que devenait ce blogue, ou sur ce qu'il devait devenir. Je lui reprochais de s'installer trop confortablement dans un style qui n'était pas entièrement le mien, qui ne correspondait pas à ce que j'avais en tête au départ. Trop convenu, pas assez émancipé de l'influence de l'écriture des autres.
L'opportunité suprême que donne un blogue à un nobody comme moi, c'est l'absence totale de contraintes dans la forme comme dans le fond. Que mon ptit cerveau agité qui garde son emprise sur mes deux indexes le temps d'un post. Beaucoup, beaucoup d'espace pour ouvrir les vannes et laisser couler le torrent des idées et des mots. Ainsi, forcément, je rumine cette idée à chaque fois: est-ce que ce que j'écris est digne de toute la liberté que ma page blanche m'offre. La question peut paraître démesurée. Vous pourriez être tenté de me dire d'aller prendre une marche pour me ventiler le lobe frontal. Mais pensez à tous ceux qui n'écrivent que par obligation, pour payer l'hypothèque. Dans les journaux locaux ou par exemple, j'invente, des gens spécialisés dans la rédaction des histoires des vieux restaurants pour leurs menus. C'est comme certains talents issus du Conservatoire qui finisse en annonceurs de pubs de rasoirs. La vie, dont ils espéraient tant, leur fait goûter l'amertume de la désillusion.
Moi, je peux faire ce-qui-me-tente. Contrairement à cet acteur qui n'aura pas la chance de jouer Hamlet au TNM, il n'y a rien qui se met en travers de mes désirs d'écrivains en herbe. Si seulement on me payait pour ce que je fais...
Je n'ai pas suivi de cours de journalisme, mais je crois savoir que la recette d'une chronique c'est de passer de l'anecdotique au général, ou à la réflexion si vous préférez. "J'ai vu un enfant pleurer pour un suçon, sa mère lui a acheté. De nos jours, les parents ne savent pas dire non." Puisque je vous ai parlé d'audace et d'absence de contraintes, j'ai décider de faire les choses dans le sens contraire aujourd'hui. Après toutes ces considérations profondes, j'irai d'un commentaire si inattendu, si bête que Proust se retournera probablement dans sa tombe. Ou bien il surgira de terre pour m'acclamer.
J'écoutais Melinda and Melinda de Woody Allen tout à l'heure et je me suis dit que caster Steve Carell et Will Ferrell en amis qui se parlent de relations homme-femme dans un tel film, c'est vraiment génial. Le paroxysme de l'anti-casting. Et comme par hasard, ça aussi c'est audacieux.
Maintenant si vous n'êtes pas convaincus du résultat, relisez-moi à l'envers.

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