09/07/2010

Se renseigner à la source

Hier, mon premier taxi haïtien depuis cinq mois. Sachant où je m'en allais, j'avais préparé le terrain avec des question innocentes. Puis celle qui devait briser la glace:

-Et vous monsieur, vous avez de la famille là-bas?

-Oui oui, j'ai ma mère (il devait avoir trente-cinq ans!) qui est venu vivre ici il y a quinze mais qui est repartie il y a cinq ans parce qu'elle tenait à rester là-bas.

-Et vous avez des nouvelles, comment vont les choses là-bas?

-Eh bien les gens vivent dans les tentes toute la journée, ils sont dans l'eau toute la nuit et le jour le soleil les sèche.

-Donc la situation elle a vraiment pas changé?

-Non, non, pas vraiment? Vous savez, ils dépensent des millions et des millions et rien ne bouge...

-C'est fou quand même, tout cet argent, on dirait qu'il ne fait que...

-Pas besoin de finir votre phrase monsieur, je sais je sais.

J'allais parler de l'inefficacité des ONG et de l'argent gaspillé à cause de la lourdeur de leurs structures. Lui semblait parler de corruption. Les deux sont sûrement vrais. Ça a pas bougé donc. Personne n'est surpris, les cyniques pourront encore dire qu'ils ont gagné.

Rappelez-vous, le trembement de terrre c'était en janvier, il faisait -20 dehors. Le thermomètre est un bonne indicateur de tout le temps qui a passé.

3 commentaires:

  1. Mmmm je crois qu'il faut relativiser les choses dans cette histoire haïtienne. Six mois, c'est quand même pas si long pour qu'un pays et son gouvernement se remette sur pied. Déjà qu'avant le tremblement de terre les haïtiens n'avaient jamais vécu dans de bonnes conditions, le tremblement a fait en sorte d'augmenter de façon inimaginable le niveau de corruption. Mais, ça tout le monde le sait. D'un autre côté, les ONG tentent de faire du mieux qu'elles le peuvent avec des moyens de communications désuets et ultra lents. Les facteurs innombrables sont excessivement nombreux et en réalité, les ONG sont tenaces en ptit Jésus pour ne pas se décourager et poursuivre leur mission. Pour connaître le point de vue de "l'intérieur", j'avoue que je suis convaincue de la bonne volonté des ONG et je sais qu'elles appliquent des méthodes de gestion réputées, mais c'est certain que ça prendra du temps en s'il-vous-plait pour réparer les pots cassés.
    Je partage trop ton enthousiasme de rencontrer un chauffeur de taxi haïtien. Ça fait du bien à notre fibre multi-culturelle. : )

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  2. C'est un peu hâtif comme conclusion j'en convient. Aussi on ne peut espérer qu'Haïti fasse partie du G8 dans un an, mais c'est tout de même assez frustrant de penser qu'autant d'argent est bouffé dans cet effort de reconstruction et qu'on en soit encore là. Mais continuons de faire la guerre au cynisme!

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  3. Il ne faut pas oublier qu'Haiti n'en est pas à sa première mauvaise expérience avec l'aide internationale. Quand l'aide internationale vous prête des millions, mais que c'est elle-même qui décide à quel ONG non-haitien cet argent sera donné, que l'argent "se perd" et que les résultats n'y sont pas, et qu'à la fin des investissements massifs cette aide internationale demande des remboursements, on peut comprendre le scepticisme par rapport aux ONG. Je sais, je sais, cette fois-ci l'argent est "donné", pas "prêté". Mais le mal est fait. Au moins nous aurons réussi à faire de l'argent sur leur dos pendant plusieurs années.

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