18/04/2010

Je suis en amour

Tout a commencé à l'automne 2008. Télé-Québec diffusait une fascinante série documentaire sur le cinéma québécois. Au fil des épisodes, non seulement mon ignorance vis-à-vis notre riche patrimoine me paraissait de plus en plus alarmante, mais j'étais stupéfait par la quantité et la qualité de courts et long-métrages que notre petit peuple avait mis au monde. La résonance des témoignages des artisans interviewés n'a pas seulement atteint le cinéphile en moi. C'était plus fort que la simple découverte de notre cinéma. Dans ma tête, j'ai entendu cette voix me disant: "J'adore le Québec!". C'est ça. J'étais en amour. Et je le suis toujours.

C'est peut-être le nationaliste-romantique qui parle en ce moment. Peut-être que c'est plus moderne de se sentir cosmopolite, qu'en ce début de siècle il faut contenir ses excès patriotiques et penser à la fédération des peuples au sein d'un gouvernement mondial. Mais il y a quelque chose de viscéral à propos de l'amour de sa patrie que peu de sentiments accotent (l'amour tout court?). Et selon moi c'est nécessaire. Il faut être pourvu d'une identité forte et circonscrite avant de s'unir à d'autres.

Mon amour pour le Québec est multidimensionnel. Je ne sais vraiment pas par où commencer. Prenons le cinéma, puisque j'en ai parlé plus haut. Je serais curieux de vous entendre me nommer plus de 5 pays de 6 millions d'âmes ayant un cinéma d'un tel calibre et d'une telle vitalité. On vole la vedette aux Génies à toutes les années, Denis Arcand monte sur le stage aux Oscars, Xavier Dolan qui...ben vous le savez ce qu'il a fait. Et je ne parle pas de nos pionniers: les Perreault, Groulx et Godbout que je découvre tranquillement pas vite. On peut parler de musique aussi. Des groupes comme Malajube qui vendent des disques au Japon et qui font parler d'eux dans Rolling Stone. Coeur de Pirate qui remporte trois trophées dont celui de meilleure chanson aux Victoires cette année. Jean Leloup, Daniel Bélanger, Arcade Fire, Chromeo, Robert Charlebois, Félix Leclerc, A-Trak, Oliver Jones, Karkwa, Tiga, Arianne Moffat, Pierre Lapointe, Champion. Non, je ne parlerai pas de Céline. Les Anglais savent faire de la musique et les Français ont le cinéma. Je pense qu'on peut se targuer d'exceller dans les deux domaines.

Je n'ai pas fini. La mort récente de deux personnes qui à première vue ont peu en commun m'ammène à vous parler d'autre chose. Michel Chartrand et Marcel Simmard-documentariste que je ne connaissais malheureusement pas avant qu'il ne s'enlève la vie. Deux individus qui sont à mon avis des emblêmes de ce que je pense être notre obstination pour la justice, mais aussi de notre côté battant. Des gens qui donnent corps et âme pour que notre monde ait un peu plus de bon sens. Comprenez-moi bien, ce n'est en aucun cas exclusif au Québec. Ce qui nous rend particulier par contre, c'est que nous nous battons quotidiennement pour nous garder la tête hors des sables mouvants linguistique et culturel qui nous entourent. Je me sens extrêmement fier de faire partie de cette résistance. Ça me donne un puissant sentiment de dignité.

On entend souvent parler de complaisance au Québec, d'impossibilité d'avoir des échanges musclés et des opinions tranchées. Personne n'est parfait. Moi, je le vois plutôt d'un autre angle. À défaut d'avoir des combats de béliers perpétuellement, nous avons des émissions qui font place aux discussions intelligentes, qui donne une tribune à la critique et qui innovent. Je pense aux Francs-Tireurs, au magazine Voir, à Marie-France Bazzo, à C'est bien meilleur le matin, à La fin du monde est à 7 heures et j'en passe. Nos fictions, elles, sont aussi inventives qu'originales. Pensez à Un gars, une fille, Minuit le soir, Les Bougons etc. Si vous n'aviez pas encore remarqué, c'est le post des énumérations. Compte tenu des budgets dont nous disposons et des adversaires que nous avons, nous réalisons l'impossible, . Télé-Québec vs. CBS, c'est David vs. Goliath. Ou moi en ski dans les bosses contre Jean-Luc Brassard.

On a aussi le Cirque du Soleil et Robert Lepage. C'est comme Xavier Dolan, rien à rajouter.

Vais-je m'arrêter? Ça fait déjà un bon bout de temps que je me casse la tête pour mettre en mots ce que je ressens quand je pense à mon pay... ma province s'cusez. C'est gros comme sujet une identité. En même temps, j'ai l'impression que je n'en suis qu'à l'introduction. Ça vibre en-dedans. Allez, on lève tous nos verres! Et faisons un effort pour que tout ce dont j'ai parlé existe encore dans cinquante ans. Ça serait dommage qu'on devienne une province reculée de l'Empire.

3 commentaires:

  1. Juste pour être l'avocat du diable :

    http://www.facebook.com/pages/Quebec-QC/Ici-on-est-au-Quebec-si-tes-pas-content-decaliss/108746532485215

    Et pour ce qui est de la télévision, je me fais comme mission de promouvoir Les Invincibles, qui est probablement la série la mieux écrite que j'aie eu la chance de voir!

    RépondreSupprimer
  2. Oui c'est vrai Smith, on est accomodant aussi. Les Invincibles, c'est sur mon to-do list.

    RépondreSupprimer
  3. Quel bel article! Tu pourrais aussi ajouter Pierre Falardeau tant qu'à être dans les énumérations...

    Je trinque avec toi mon C.A. et nous pourrons bientôt le faire en personne!



    Pour répondre à Smith, ce groupe a été créé en réponse à celui que tu mentionnes http://www.facebook.com/#!/group.php?gid=111107255593082&ref=ts

    Il y a moins de membres, mais il est plus jeune aussi...

    RépondreSupprimer