25/04/2010

C'est bien meilleur quand tu le fais en solo

Avec l'ascension du Kilimanjaro et la pôle position au marathon de Montréal, voyager seul devrait faire partie de votre liste de choses à faire avant de vous retrouver six pieds sous terre. Si, à tout hasard, sur le tortueux chemin qu'est la recherche du sens de l'existence, vous pensiez que Le Secret ou Le Secret derrière le Secret vous donneraient des réponses, détrompez-vous. Voyager ne vous diras pas "Charles, tu es une personne solitaire" ou "Charles, tu es une personne sociable". Ni le noir, ni le blanc, ni même le gris ne sont appropriés quand vient le temps de décrire les gens. Faudrait inventer une couleur plus grise que le gris. Chaque épisode de notre vie nous permet de raffiner notre compréhension de soi et de l'Autre, nous aide à délimiter nos frontières. Le voyage en solo est un épisode en version concentrée. Un obstacle n'attend pas l'autre. Pour vous donner une idée, c'est un peu plus exigeant que de commander du St-Hubert en écoutant la télé échoué sur son divan. Certains diront qu'ils ne sont pas du genre à voyager seuls. Comment pouvez-vous être certains de détestez les aubergines sans y avoir goûté? L'intuition, me répondrez-vous. Moi j'ai adoré les sauterelles frites à Hanoi.

Trois moments qui sont au temple de la renommée de mes voyages en solo:

1. Le mal du pays: Automne 2006, Valence. Je connais six mots et demi d'Espagnol. Je débarque dans une famille qui semble ignorer l'existence de l'Anglais. Ils m'hébergeront pour les cinq semaines à venir. Leur malpropreté est déjà plus qu'apparente et la mère me dit que ma chambre ne sera prête que demain. J'hérite du lit de la ptite de cinq ans, qui n'a de place que pour mon torse ou mes jambes. Je commence à penser que l'hospitalité à l'espagnole, c'est de la bullshit. Ah oui, la compagnie aérienne a perdu mes bagages. On me dit que ça arrive tout le temps ici. Ah ben là d'abord, je me sens mieux! Il est treize heures, plus capable de lire mon foutu roman. Que faire! Je tremble à l'intérieur. Seul remède, une marche et la playlist Feelgood de mon ipod. En rentrant dans un café, je commande un café avec mon air de chien battu. On me répond "Que dice senior?" La barrrière de la langue, élément ultime de ma détresse. Tout est rentré dans l'ordre sauf la propreté de ma famille d'acceuil.

2. Staying Alive: Aéroport d'Hong-Kong, été 2009. Je récupère mes bagages à 23h15, mon avion du lendemain est à 9h. Je dois donc être à l'aéroport à 6h20. Prendre le train rapide aller-retour pour dormir quelques heures en ville ne vaut pas la peine. J'ai peur de m'endormir et de manquer mon vol pour Montréal alors je fais des tours de l'intérieur de l'aéroport en dansant en short-gougounes sur Michael Jackson et David Bowie avec mon charriot à bagages. Côté photographie, j'ai vécu une période de créativité intense. Mon environnement m'a inspiré un nombre impressionant de clichés. Ça a duré neuf heures. Titanic trois fois en ligne si vous préférez. Vers cinq heures, les Chinois aux yeux dans graisse de binne -ça fait des yeux très très très petits, faut le voir pour le croire- s'affairaient à ouvrir les Starbucks, Burger King et cie alors que je leur lançais des sourires de coké inquiétants. J'ai pas dormi dans l'avion, j'étais encore sur un high puissant.

3. Malchance: Zagreb, février dernier. Je dois me rendre à Ljubljana à partir de la capitale croate. Le Lonely Planet me dit qu'il y a sept trains par jour. J'apprends que Lonely Planet est dans le champ, il n'y en a que trois. Ok pas grave, "À quelle heure il est le prochain, madame croate?". "Yétait à 13h et le prochain est à 18h14, Charles". Il est 13h02. Ça fait vingt heures que je n'ai pas dormi. Tout ce que j'arrive à trouver pour calmer les bruits embarrassants de mon estomac déphasé, c'est trois brochettes de porc grillé dans un pain frit. La finesse de la gastronomie de l'Europe de l'Est...De retour à la gare en attendant le train, je fais la connaissance des B.S. alcooliques qui squattent la place en pètant et en fumant cigarette sur cigarette. Charmant décor post-communiste.

2 commentaires:

  1. #2: J'ai automatiquement eu l'image d'Alessandro revenant du rave (référence: L'Auberge espagnole)...J'suis persuadé que ta petite dance devait être similaire!

    Blagues à part, ces moments sont toujours très intenses et marquent profondément notre mémoire. C'est fou comment on a tendance à regrouper les moments de joie dans ces voyages (ex: Wow, c'était fou les 1000 soirées en boîte!) et à garder le moindre détail de ces moments de grande angoisse.

    À titre de preuve, je me souviens très bien avoir joué 182 parties de solitaire la nuit où j'ai "dormi" à la belle étoile au terminus d'autobus de Madrid alors que les clochards et les quelques toxons au regard oblique zyeutaient les belles grosses valises sur lesquelles je jouais les dites parties.

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  2. J'en ai eu une comme ça à Barcelone mais j'étais avec mon ami qui avait un PSP. Ça a sûrement passé plus vite qu'avec ton solitaire.

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