09/02/2010

La Grande déconnexion

-La démocratie, c'est le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple.

Périclès

On vit un moment charnière dans l'histoire. Bon, on entend ça à toutes les semaines, mais moi c'est la première fois que je le dis. On va appeler ça la Grande déconnexion. Déconnexion parce que le pont qui reliait les décideurs et les citoyens s'est rompu. Chacun sur sa rive, l'un cherchant désespérément à avoir l'attention de l'autre.
Dans les dernières années, notre démocratie s'est donné des airs de gros monstres aux tentacules qui ne cessent de croître. Un cocktail de gens influents qui se sont maintenus au pouvoir, d'institutions qui se sont élargies et complexifiées, de pratiques qui se sont cristallisées, tout ça a fait de notre système politique cette bête qui excelle en matière d'inertie. Je ne parle pas de clique ni de complot même si la malhonnêteté joue un premier rôle dans toute cette comédie. Je me concentre ici sur cette force d'inertie puisque même dans un monde sans magouilles, je doute de la capacité de ce système à concrétiser la volonté du citoyen.
Ce qui est extrêmement fâchant, c'est que même le plus solide des consensus ne parvient pas à faire bouger les choses. Tout le monde a été outré par l'insensibilité et la cupidité proverbiales de nos amis banquiers au cours de la dernière année. Tout le monde veut qu'on avance (au moins un peu) dans le dossier "sauvons la planète avant qu'il y ait des tempêtes tropicales à Rouyn-Noranda". Hugo Latulipe (voir le segment discussion) en parlait l'autre jour à Bazzo.tv; on est passé du doute, au consensus scientifique, à la conscientisation des gens, puis là on est rendu au "faites de quoi, bordel!" Tout ça dans un contexte de village planétaire où on est plus juste d'accord avec son voisin d'en face, mais dans lequel on peut signer une pétition en ligne regroupant des millions de personnes, ou encore dans lequel des ONG des quatre coins de la planète dépêchent leur membres pour manifester. La société civile n'a jamais été aussi forte et organisée.
Consensus+organisation, ça devrait donner quelque chose d'intéressant. Et pourtant... À mon grand désarroi, rien ne s'est passé à Copenhague, pas plus qu'on a réussi (voulu) à règlementer le système financier international. Serions-nous à l'aube d'une pandémie révolutionnaire? Arianna Huffington pense que la solution à nos espoirs déçus, un an après l'arrivée du président-messie, serait de faire en sorte que la société, par sa détermination et son unité, pousse les décideurs à faire les choix difficiles. Notons qu'Obama avait fait campagne sur l'idée de changer la façon de faire à Washington, notamment en rétablissant une certaine indépendance face aux lobbyistes de K. street. Bref, la force extérieure indomptable dont parle Huffington débloquerait notre système devenu machine qui n'a que faire des revendications du p'ti monde. On se le souhaite pour les années à venir.

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